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En guise de conclusion, nous allons reprendre quelques concepts mentionnés dans notre cadre théorique et les comparer avec l’évidence recueillie. Nous avons pu constater la création et la croissance des mouvements sociaux économiques dans les deux pays et leur rapport avec les crises politiques et économiques autant au Mexique qu’au Chili. Parmi les exemples montrés, la crise sociale qui est implicite après le retrait de l’État lors de l’ouverture commerciale, est la plus évidente. En effet, nous avons pu observer comment la société civile a dû prendre en main des solutions alternatives face à l’exclusion de certains secteurs de l’économie. La crise de la dette demeure le point de départ pour l’imposition néo-libérale au Mexique. Les mobilisations sont désormais plus visibles et nombre d’ONG sont issues. Concernant le Chili, l’expérience libérale prématurée et encouragée par les Chicago boys n’a pas pris beaucoup de temps pour montrer ses faiblesses. Dans les deux pays, la crise économique a rapidement conduit à une crise de légitimité du système politique.
De même, nous avons observé comment ces mouvements sont ancrés dans les traditions particulières des pays et comment les tendances actuelles du commerce équitable répondent aux mobilisations précédentes, tel qu’avancé par Tarrow. En ce sens, il existe de continuités concernant les mobilisations précédentes et le réseau solidaire promu dans les deux pays. Nous avons remarqué, pourtant, quelques différences. La tradition solidaire mexicaine est plus subtile. Elle se concentre surtout dans quelques régions indigènes du Sud du Mexique. Le travail des ONG et d’autres associations civiles ayant comme but la prise de conscience a dû être plus significatif. Il s’est basé souvent sur des événements tragiques comme le tremblement de terre de 1985 ou sur des grandes mobilisations comme le zapatisme. Le scénario chilien se situe principalement dans les villes et les classes moyennes ont été plus participatives depuis le début du 20ème siècle.
Nous avons montré aussi dans quelle mesure les ONG qui travaillent sur le commerce équitable ont profité des réseaux solidaires préétablis. DESMI base son action sociale sur les réseaux communautaires préhispaniques, Vinculacion et comunicacion social s’attarde également sur des rapports solidaires comme tequio et la Fondation solidarité n’est que le successeur d’une organisation issue lors de la résistance contre la dictature de Pinochet. De même, d’autres ONG, comme "Promoción del Desarrollo Popular, Asociación Civil" ont fini par élargir leur mandant afin de faire la promotion des rapports solidaires et de proposer des modèles alternatifs de développement autres que les modèles proposés par l’État néo-libéral.
Finalement, nous allons considérer le dernier axe d’action des mouvements sociaux en Amérique latine, selon Garreton, soit la démocratisation sociale. Ses deux significations principales, soit la redéfinition de la citoyenneté et la lutte contre la pauvreté et l’exclusion ont été largement utilisés pour notre analyse. Nous avons vu le réveil graduel de la conscience civile dans les deux pays ainsi que la prolifération des ONG. De même, il est devenu plus claire comment le retrait de l’État a stimule encore plus l’organisation citoyenne en tant que réponse aux besoins de base des secteurs démunis. Vu la portée limitée de notre analyse, d’autres champs n’ont pas été mentionnés. Il reste encore à considérer l’aspect international du commerce équitable et leur effet sur les communautés des producteurs, ainsi que le rôle joué par d’autres acteurs, notamment l’Église et des organisations de coopération internationale.
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Datos para citar este artículo:
Ana Isabel Otero Rance. (2005). Les mouvements socio-économiques au Mexique et au Chili: Conclusion (3). Revista Vinculando, 3(1). https://vinculando.org/comerciojusto/comjusto_mexico_chili_concl.html
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