L’Amérique latine est composée d’une "mosaïque culturelle discursive". Un type de culture dominante qui pratique une narration de " deux poids, deux mesures ", générant un soi " faux ", et un soi " qui s’apitoie sur son sort ". Les deux font partie du même scénario et se construisent mutuellement, et c’est là que la symptomatologie trouve sa nature et sa signification.
Le but dans ce contexte culturel et psychologique est d’évoluer vers un récit "critique" qui permet au moi de "démasquer" le faux soi et de s’apitoyer sur soi-même afin de comprendre même le soi tolérant, critique et responsable. L’intervention vise à explorer et à reconnaître chez les gens la diversité des récits qui ont vécu et vivent dans des contextes différents (White et Epston, 1993).
Pour ce faire, le " récit critique " est proposé comme méthode d’intervention qui amènera les clients thérapeutes à se voir sous un autre angle dans leur représentation dans les différents scénarios où il est pratiqué sous un autre angle. En d’autres termes, elle cherche, à travers un récit critique, à renforcer un moi et un agent responsables.
Quelle est la façon de construire un self agent ?
Spears (1997) souligne qu’"il est politiquement important de préserver la distinction conceptuelle de l’agence (l’intentionnalité du sujet), bien qu’il soit également important les éléments externes ou contextuels qui aident cette agence à apparaître et à se développer, comme Freire et Martín-Baró l’ajoutent :
"Les gens sont capables de résister ou d’avoir une participation plus active, le travail collectif invoque une véritable puissance sociale au-delà de l’individualité, il se montre comme une agence à caractère social".
D’autre part, je m’arrêterai pour analyser en détail la proposition du philosophe Sennett (2012) qui, dans son travail "ensemble", nous propose une manière de construire un scénario thérapeutique où le moi responsable est habilité. Pour cet auteur, le "soutien mutuel" est dans les gènes de tous les animaux sociaux et il définit la coopération comme "un échange au cours duquel les participants bénéficient de la rencontre".
Pour cet auteur, la coopération est une valeur en soi dans les rituels, et sa plus grande vertu est de mettre en pratique les notions abstraites de respect mutuel. Il souligne qu’il existe de nombreuses formes de coopération, en faisant la distinction entre la coopération spontanée et la coopération délibérée.
Le premier est un acte spontané de rassemblement pour le plaisir mutuel, comme des gens qui traînent dans un coin ou qui boivent ensemble dans un bar en échangeant des ragots et en maintenant la fluidité d’une conversation sans la conscience de coopérer.
D’autre part, il y a la coopération délibérée, qu’il décrit comme une activité sociale difficile parce qu’elle tente de rassembler des personnes ayant des intérêts différents, voire contradictoires.
Le défi est de répondre aux autres tels qu’ils sont. Cette forme de coopération a un lien direct avec ce que Maturana (1997) définit comme amour en acceptant l’autre, sans condition, comme légitime.
Sennett met l’accent sur le sens éthique en tant qu’exercice à développer pour que la coopération délibérée réussisse, parce qu’il est nécessaire de servir de médiateur entre différents groupes et intérêts, et l’éthique conduit les gens à construire un dialogue où ces groupes peuvent observer les conséquences de leurs propres actions par rapport aux personnes qui ne leur ressemblent pas mais vivent ensemble.
Ce dialogue de "s’observer soi-même en conséquences" conduit, selon cet auteur, à une plus grande conscience de soi : "un agent, un moi coopératif et aimant".
Bien qu’il précise que pour arriver à un tel exercice de coopération, il faut un certain degré de compétence, il souligne en particulier " la compétence dialogique ", qu’il décrit comme savoir écouter, se comporter avec tact, concentrer les points d’accord et gérer les désaccords ou éviter la frustration d’une discussion difficile.
Ce concept a une certaine ressemblance avec ce que Goleman (1995) appelle " l’intelligence émotionnelle ". Pour Sennett, le dialogue est l’art de l’attention et de la sensibilité avec les autres. Savoir écouter est une compétence de haut niveau qui implique de prêter attention à ce que les autres disent, d’apprécier le sens des gestes et du silence comme dans les déclarations.
Bien que pour bien observer, il faut se concentrer, la conversation qui en résultera sera un échange plus riche, de nature plus coopérative, plus dialogique.
Il s’agit donc de se projeter vers l’extérieur, ce qui produit l’ego… l’immersion du " Moi " dans un ensemble plus large qui l’englobe. Cette compétence est certes difficile, mais fondamentale en psychothérapie.
On distingue deux types d’écoute qui se pratiquent dans la conversation : la dialectique et le dialogue. Dans le premier, le jeu verbal des opposés doit progressivement construire une synthèse ; le but est enfin d’arriver à une compréhension commune.
Ce type d’écoute ou de dialogue a lieu entre les parents et les enfants adolescents, où il y a un dialogue de tension, qui peut conduire à de nouveaux accords et de nouvelles relations. L’important dans une relation aussi étroite, sur le plan émotionnel, c’est de ne jamais perdre le dialogue.
Il est possible d’ajouter une complexité à l’exercice dialogique qui a un impact sur soi-même : même s’ils ne sont pas venus pour partager des accords, dans le processus d’échange, les interlocuteurs peuvent avoir pris davantage conscience de leurs propres points de vue et avoir accru leur compréhension mutuelle. Si le thérapeute met en jeu ce type de dialogue, la psychothérapie continuera à partir de la famille, explorant divers scénarios où la personne trouve d’autres récits plus sains à son sujet.
Conversion dialogique pour inclure la sympathie et l’empathie comme outils de dialogue. Revient à Adam Smith et à la théorie des sentiments moraux (1997), pour définir la sympathie comme le fait de se mettre à la place de l’autre et d’assimiler chaque circonstance d’angoisse qui peut affecter la victime, même dans ses plus insignifiantes incidences.
L’empathie est considérée comme étant d’une plus grande complexité ; une personne devrait se voir dans l’autre non seulement comme un voisin humain, mais dans les incidents les plus insignifiants.
Compte tenu de la coopération avec ces caractéristiques, il représente une grande ressource pour la thérapie, en tant que médiateur de rencontres, pour générer un cadre social organisé qui s’articule autour d’un dialogue ouvert entre les personnes. Cette voie de la coopération mutuelle favorise en fin de compte une narration de soi plus proactive et responsable que l’objectif final, dans le cadre latino-américain.
Références :
- White y Epston, (1993), Medios narrativos para fines terapéuticos, Ediciones Paidós Ibérica. Barcelona.
- Goleman, D. (1995). La inteligencia emocional. México: Ed. Javier Vergara-Grupo Z
- Maturana, H. (1997). Emociones y lenguaje en educación y política. Chile: Dolmen y Granica.
- Sennet, R. (2012). Juntos: Rituales, placeres y política de la cooperación. Barcelona: Anagrama: colección Argumentos.
- Spears, R. (1997). “Introducción”. En T. Ibáñez y L. Íñiguez (eds.) Cristal Social Psychology. London: Sage
Auteur:
Diplôme en psychologie: Mauricio Gómez Salazar.
Titre original: “¿Hacia dónde se dirige la intervención psicoterapéutica en un contexto como Latinoamérica?”
Datos para citar este artículo:
Mauricio Gómez Salazar. (2019). Intervention psychothérapeutique en Amérique Latine. Revista Vinculando, 17(2). https://vinculando.org/en/intervention-psychotherapeutique-en-amerique-latine.html
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